Présentation
Les articles qui suivent sont tirés d’un colloque ayant eu lieu, le 15 juin 2012, à Paris, dans les locaux de l’Université Panthéon-Assas (Paris II), et qui a été organisé conjointement par l’Institut Michel Villey (Université Paris II) et par l’Institut Carré de Malberg (Université de Strasbourg). C’est la troisième rencontre commune entre ces deux institutions, voisines par leur objet et animées par la même volonté de faire vivre dans les facultés de droit des lieux de discussions dans lesquelles les débats n’ont pas des visées exclusivement pratiques.
La première, organisée à Paris, le 14 mai 2010, avait eu pour objet « Mutation ou crépuscule des libertés publiques ? », tandis que la seconde, organisée à Strasbourg, le 6 mai 2011, examinait « Le Conseil constitutionnel, gardien des libertés publiques ? ». Ces deux premières rencontres ont vu leurs actes publiés dans la revue Jus Politicum : la première dans son volume 5 – 2010 en ligne (http://juspoliticum.com/-No5-.html), puis dans son volume III papier (Paris, Dalloz, Collection « Les fondements du droit », juin 2011) ; la seconde dans son volume 7 – 2012 en ligne (http://juspoliticum.com/-No7-.html), puis dans son volume IV papier ( Paris, Dalloz, Collection « Les fondements du droit », juillet 2012). Cette troisième rencontre est publiée dans l’Annuaire de l’Institut Michel Villey et traite d’un sujet d’une actualité récurrente : « La liberté d’expression, une liberté menacée ? »
Il n’est pas besoin de souligner l’importance de la liberté d’expression dans un État de droit. Tous les grands auteurs libéraux ont loué une telle liberté, élégamment définie par Edouard Laboulaye comme « la garantie des garanties ». Mais les juristes n’ont pas toujours conscience du caractère architectonique de cette liberté. L’un des objectifs de ce colloque était justement de faire ressortir cette dimension fondamentale de la liberté, pièce maîtresse de la démocratie libérale. Cela résulte autant des études historiques ici présentées que des études portant sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme. S’agissant de cette dernière, s’instaure d’ailleurs un débat, légitime, sur la compatibilité de ses exigences avec la sécurité juridique, comme avec les schémas traditionnels du droit pénal français. L’opposition de points de vue entre les partisans du respect des diversités nationales et ceux qui se félicitent de la remise en cause de solutions souvent anciennes et empreintes d’autoritarisme s’est avérée irréductible, sur ce point comme sur beaucoup d’autres.
Les actes du présent colloque ne prétendent pas faire le tour d’horizon de toutes les questions aujourd’hui posées et parfois brûlantes. Ils ne contiennent pas d’études sur la difficile question de la conciliation entre liberté d’expression et liberté de religion, qui est au cœur des litiges les plus aigus non seulement en France (affaire des caricatures de Charlie Hebdo), mais aussi à l’étranger, ni d’études sur les conceptions différentes de la liberté d’expression à l’étranger (par exemple, le Free Speech aux États-Unis). Mais ces actes visent – du moins, on l’espère – à attirer l’attention sur une liberté toujours célébrée, mais pas toujours bien connue, et une liberté menacée par les différents radicalismes et le retour à un certain ordre moral et politique qui peut prendre des formes variées et parfois subtiles.
Un dernier mot s’impose : les organisateurs de ce colloque tiennent à remercier vivement les intervenants pour leur participation et pour avoir bien voulu rendre leur texte dans un délai relativement bref. Ils expriment aussi toute leur reconnaissance à la secrétaire de l’Institut Villey pour l’organisation matérielle de cette journée, à Mélanie Plouviez pour l'important travail éditorial effectué et à Catherine Szpira pour la belle composition graphique de l'ouvrage.